dimanche 8 juin 2014

Politique de l'e-formation de l'Université de Ziguinchor

Introduction

L’Université de Ziguinchor est ouverte depuis 2007. Elle compte actuellement 3 358 étudiants répartis dans quatre Unités de Formation et de Recherche (UFR). Ces UFR sont :

- UFR Sciences et Technologies,

- UFR Sciences Economiques et Sociales,

- UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines,

- UFR Sciences de la Santé.

L’Université de Ziguinchor applique le système LMD. Elle a ouvert en 2012 des masters dans l’ensemble des 11 filières. L’Université connaît de réels problèmes d’infrastructures. Elle a déjà dépassé sa capacité d’accueil. Cependant, elle reçoit chaque année plus de 5 000 demandes d’admissions de nouveaux bacheliers. C’est pour répondre à ces demandes d’admissions et satisfaire à la politique de l’Etat qui veut accueillir tous les nouveaux bacheliers qui en font la demande dans les établissements d’enseignement supérieur publics que l’Université a mis en place une politique de l’e-formation depuis 2011.

Après avoir analysé le contexte global de cette politique de l’e-formation à l’Université de Ziguinchor, nous étudierons tour à tour ses aspects politiques, organisationnels et pédagogiques avant de faire des propositions pour une bonne mise en œuvre de cette politique.
Le Contexte :

Le Sénégal est un pays de l’Afrique de l’Ouest qui compte treize millions Habitants. Il dispose de cinq universités : l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ouverte en 1958, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis ouverte en 1990 et les universités de Ziguinchor, Thiès et Bambey. En ouvrant ces universités en 2007, l’Etat du Sénégal voulait résoudre le problème de l’orientation des nouveaux bacheliers et réduire les effectifs pléthoriques des étudiants à Dakar. En effet, les Universités de Dakar et Saint-Louis avaient complétement dépassé leurs capacités d’accueil. L’Université de Dakar qui a une capacité réelle d’accueil de vingt mille étudiants compte aujourd’hui soixante mille étudiants. On note ainsi une promiscuité au niveau du campus qui crée des conflits entre étudiants mais également entre étudiants et enseignants. Les grèves pour réclamer de meilleures conditions de vie et d’étude deviennent récurrentes. Les doléances tournent autour de l’insuffisance des salles de cours, des amphithéâtres, de la capacité d’accueil des bibliothèques etc. On assiste par ailleurs à des manifestations souvent violentes de nouveaux bacheliers réclamant leur admission dans les universités publiques du Sénégal.

La création de ces trois universités en 2007 n’a pas permis de résoudre ces problèmes. En effet, avec les difficultés budgétaires du pays, les universités construites n’ont pas de grandes capacités d’accueil. Ils peuvent accueillir environ 2 500 étudiants par université. Ce qui est très insuffisant étant donné que le Sénégal dispose chaque année d’environ trente mille nouveaux bacheliers.

Devant cette situation, l’enseignement à distance est de plus en plus considéré comme une alternative pour solutionner ces problèmes d’autant plus que le Sénégal dispose de bonnes infrastructures de télécommunication.

C’est au début des années 2 000 que les universités et écoles de formations supérieures ont commencé à proposer des enseignements non présentiels. Ainsi des services et structures qui s’occupent de l’enseignement à distance sont créés au sein des Universités. L’Université Gaston Berger (UGB) en partenariat avec l’Université Laval lance des enseignements à distance en 1999. Aujourd’hui, l’UGB dispose d’un Institut de la Formation Ouverte A Distance (IFOAD). L’Ecole des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) ouvre en 2002 un master professionnel à distance avec l’appui de la Coopération Française à travers le projet FORCIIR (FORmations Continues en Informations Informatisées en Réseaux). A l’époque beaucoup d’acteurs de l’enseignement supérieur au Sénégal (enseignants, professionnels de la documentation et même des étudiants) avaient dénoncés l’ouverture de ces formations diplômantes à distance. Néanmoins, ces expériences ont connu des succès et aujourd’hui, plusieurs universités et écoles s’inspirent de ces réussites pour mettre en place des formations à distance. C’est le cas de l’Université de Ziguinchor.
Les aspects politiques

C’est dans ce contexte que les autorités de l’Université de Ziguinchor ont mis en place en 2011 le Service de l’Enseignement à Distance (SED) pour en priorité augmenter le nombre de bacheliers admis en première année. En effet, devant le déficit en infrastructure, l’Université de Ziguinchor compte recruter à partir de cette année de nouveaux étudiants dans la Formation Ouverte et A Distance (FOAD). Ce recrutement d’étudiants en FOAD se fera parallèlement à l’admission de nouveaux étudiants en présentiel. Il s’agit pour l’Université d’augmenter le nombre d’étudiants admis en première année et partant de répondre favorablement à la demande de l’Etat du Sénégal qui, dans sa politique d’enseignement supérieur veut orienter tous les nouveaux bacheliers qui le demandent dans les établissements d’enseignements supérieurs publics.

La mise en place du service de l’enseignement à distance découle d’une politique globale de promotion de l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE). En effet, l’Université de Ziguinchor dans le cadre de son plan stratégique 2012 – 2016 met un accent particulier sur les TICE. Ce plan prévoit entre autres la construction et l’équipement du Centre des Ressources Informatiques, la couverture totale du campus par le wifi, l’augmentation de la bande passante, de faciliter l’acquisition d’ordinateurs portables par les étudiants. Dans le cadre de son Contrat De Performance (CDP) avec l’Etat du Sénégal à travers la Banque Mondiale, 58 % des financements sont alloués aux TICE et particulièrement au volet enseignement à distance. Un budget global de 380 451 euros est déjà disponible pour l’e-formation dans le cadre du CDP.

La Formation Ouverte et A Distance va donc démarrer cette année 2013 à l’Université de Ziguinchor. Une planification est déjà mise en place pour un bon démarrage de cette phase teste qui concernera la licence un (L1) de la filière Informatique Appliquée à la Gestion des Organisations.

Les aspects organisationnels

Il est prévu en début 2013 l’organisation de deux sessions de formations des enseignants de la filière Informatique appliquée. La première session concernera la conception et la mise en ligne de cours et la seconde portera sur le tutorat en ligne. Une plateforme d’e-learning sera déployée avec le logiciel Moodle. Le premier recrutement d’étudiants concernera de nouveaux bacheliers non admis dans les enseignements en présentiel et qui souhaitent s’inscrire dans la Formation Ouverte et A Distance. L’entrée de nouveaux bacheliers dans les universités publiques se fait au Sénégal par sélection. Les bacheliers non sélectionnés qui n’avaient pas des moyens de payer dans les écoles privées étaient contraints à arrêter les études.

Dans un autre registre, l’Université de Ziguinchor veut développer le téléenseignement pour réduire le coût de la prise en charge (transport, hébergement,…) des enseignants (surtout de rang A) qui viennent de l’Université de Dakar ou de l’UGB pour dispenser des cours à Ziguinchor. Ces enseignants viennent en appoint pour combler le déficit de professeurs de l’Université. La mise en place du service de téléenseignement permettra à ces enseignants de pouvoir à partir de Dakar dispenser leurs cours par visio-conférence. Un dispositif de visio-conférence sera déployé à Dakar et à Ziguinchor. Le financement de ce projet de téléenseignement est déjà trouvé dans le cadre du CDP et sa mise en œuvre est en cours.

Ce dispositif de visio-conférence sera également utilisé dans le cadre de la Formation Ouverte et A Distance.

Pour permettre la mise en place et le développement de l’e-formation au Sénégal, un important programme de développement des infrastructures et réseaux de télécommunication dans le domaine de l’enseignement est en cours de réalisation à travers le Réseau Enseignement et Recherche (RER) et le volet TIC du Projet de Gouvernance et Financement de l’Enseignement Supérieur axés sur les résultats.

En ouvrant ces enseignements à distance, l’Université de Ziguinchor donne à des bacheliers la chance de poursuivre leur étude. Elle doit prendre des dispositions importantes sur le plan pédagogique pour réussir ce nouveau défi.
Les aspects pédagogiques

Le e-formation n’a pas encore réellement démarré à l’Université de Ziguinchor. Cependant, une méthodologie est un programme sont déjà conçus du point de vue pédagogique. En effet, les nouveaux étudiants retenus à l’instar de ceux qui sont inscrits en présentiel feront une inscription pédagogique. Une maquette de présentation de chaque cours est déjà disponible. Cette maquette devra être respectée par tous les enseignants. Il s’agira de bien scénariser les cours.

C’est à ce niveau que s’intègre mon stage. Avec mon encadreur qui se trouve être le Chef du Service de l’Enseignement à Distance, nous avons dans le cadre de cette phase test choisi de travailler dans l’évaluation du dispositif pédagogique mis en place dans le cadre de la FOAD de l’Université de Ziguinchor. Il s’agira d’évaluer périodiquement l’action des tuteurs, la participation des étudiants et la scénarisation des cours. Ces évaluations permettront de rectifier certains manquements et d’améliorer la formation.

Il est prévu en dehors de la formation des enseignants et des tuteurs, d’organiser des stages de regroupement en début d’année universitaire pour expliquer aux étudiants les principes et enjeux de la FOAD, les modes d’évaluation, le tutorat etc. Ce stage leur permettra aussi d’avoir une prise en main de la plateforme et de connaitre le rôle des tuteurs. Des examens seront organisés en présentiel dans les mêmes conditions que les examens des étudiants en présentiel. Un accompagnement à distance sera mis en place avec un forum qui sera actif au niveau de la plateforme et un tutorat en ligne sera déployé.
Bilan et Propositions

Nous ne sommes pas encore à l’heure du bilan dans le domaine de l’e-formation à l’Université de Ziguinchor. Cependant il est plus que nécessaire de faire des propositions pour une bonne mise en œuvre et une réussite de la politique de l’e-formation. Nos propositions sont les suivantes :

- Demander à l’Etat de mettre en place les textes législatifs pour réglementer l’e-formation,

- Former des ressources humaines capables de mettre en œuvre cette politique de l’e-formation,

- Tenir des séminaires avec les acteurs de l’Université pour partager cette politique.

Conclusion

En termes de perspective, nous pouvons retenir que grâce à la Banque Mondiale et l’Etat du Sénégal à travers le Projet de Gouvernance et de Financement de l’Enseignement Supérieur axés sur les résultats (PGF-SUP) un financement est déjà acquis pour les quatre années à venir. Il s’agit de la formation des enseignants, la rémunération des droits d’auteurs, le déploiement de la plateforme etc. Cette année 1% des cours doivent être mis en ligne et en 2016 on devrait atteindre un pourcentage de 20 %.

Les programmes et projets mis en place vise la mise en place et le développement de l’e-formation au Sénégal et à l’Université de Ziguinchor en particulier.

Cependant, il est urgent de former des ressources humaines dans le domaine de l’e-formation pour assurer une bonne mise en œuvre de ces projets.

L’Etat du Sénégal doit accompagner tous ces programmes en mettant en place le dispositif législatif et réglementaire concernant l’e-formation qui doit intégrer la politique globale d’enseignement et de recherche.

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